Tannerie à Kervallon

L’industrie du cuir est née au XVème s. en Bretagne sous l’impulsion de Jean V. Il encouragea ainsi les nouvelles fabrications qui pouvaient paraître choquantes : récupération des peaux de b ?ufs et chevaux ( même chiens ! ) afin de les transformer en cuir ! En 1812, à Brest, plusieurs tanneries existent : 6 à Lambezelec, 2 à Gouesnou, 1 à Saint Marc et 1 à Saint Pierre Quilbignon. Cette dernière appartient à M. Riou de Kerhallet.

Cette tannerie de Kervallon était organisée suivant le modèle manufacturier ce qui n’était pas courant à l’époque ! Elle disposait donc de capitaux importants et la fabrication était assurée par des ouvriers vraiment spécialisés. Qu’avons-nous comme traces de tout ceci ? un dessin de 1848, le plan relief de 1806 et une photo représentant une tour cylindrique d’une quinzaine de mètres de diamètre comportant un rez de chaussée et trois étages. Des orifices y étaient percés sur toute la périphérie et avaient des formes différentes à chaque niveau : ogive, ronde, rectangle, losange . La toiture était en forme de cloche garnie de lucarnes. Il s’agissait du séchoir pour les peaux ( identifié sur le cadastre de 1834- parcelle 323). Des ateliers contenant des fosses, des lieux de travail des tanneurs pour l’ébourrage et l’écharnage existaient probablement en face (parcelle 331) .Douze employés y auraient travaillé.

Pour fonctionner les tanneries avaient besoin à proximité : de peaux ( donc de l’élevage des bovins et chevaux), de cours d’eau, de chênes ou châtaigniers pour en récupérer l’écorce et donc le tan , de chaux qu’on trouvait sur Plougastel et d’huile de sardine. Le temps de fabrication d’un cuir était parfois de 2 ans. Entre 1793 et 95 les armées vivaient une période difficile : on manquait cruellement de chaussures en cuir : pétitions en ce sens en provenance de la batterie de Bertheaume et de celle de l’île de Kermorvant près du Conquet. Rien n’allait plus ! Une organisation pyramidale, dirigée par M. Riou de Kerhallet, réquisitionna ce qu’il fallut pour résoudre le problème. Puis en 1812 , le commerce des peaux déclina pour toute la Basse Bretagne.

P.-S.

de nombreuses informations sont issues du livre " tanneurs de Bretagne" de Dominique Derrien